Les commissaires de justice et la RSE
Portrait d'huissier Témoignage Huissier EntrepriseModifié le 12 juin 2023 par Julie
Besoin de faire appel à un professionnel du droit ?
Nouveau portrait de notre série dédiée aux Femmes et aux Hommes qui se sont engagés en tant que commissaire de justice (ex-Huissier de justice). Comme toutes les entreprises, les études de commissaires de justice se préoccupent de l’impact de leur activité sur l’environnement, leurs collaborateurs et la société en général.
Nous allons donc faire un zoom sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), sujet de notre interview du jour avec un commissaire de justice qui exerce depuis 2001 au sein de la même étude.
C’est en voyant fleurir des posts sur les réseaux sociaux autour de la RSE qu’il a décidé de s’engager lui-même dans cette démarche. Convaincu que ces actions ne sont pas réservées aux grandes entreprises, il a décidé de se lancer dans l’obtention de la certification ISO 26000 en 2021. Il nous explique aujourd'hui ce qu’est pour lui la RSE et comment cela s’intègre dans le quotidien de son étude.
Cet article n’a pas vocation à promouvoir une étude en particulier, mais à mettre en lumière ces personnes qui se passionnent pour de nombreux sujets, au-delà de leur cœur de métier.
C’est quoi la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) ?
Loin de se limiter à l’impact environnemental d’une entreprise, la RSE englobe les valeurs sociales et juridiques d’une organisation. Elle traduit sa volonté d’avoir un impact positif sur la société à travers différentes actions commerciales, environnementales ou encore sociales. La RSE pousse également les entreprises à réfléchir leurs relations avec des parties prenantes comme leurs clients et leurs fournisseurs dans le but de créer un véritable cercle vertueux.
💡 A noter : Pour les plus littéraires, vous pouvez consulter la définition établie par le gouvernement.
La certification, où la preuve par l’évaluation
L’obtention de la certification RSE est, comme beaucoup de certifications, un long processus. Si il a décidé de se lancer dans cette démarche, c’est parce qu’elle représentait pour lui la suite logique des actions mises en place précédemment.
De la certification ISO à la certification RSE, une suite logique
Ce dernier a intégré son étude en 2001. Il a donc été présent à chaque mise en place d’actions et de process d’amélioration continue.
C’est en 2003 que l’étude a obtenu sa certification ISO 9001. Précurseurs à l’époque, ce label est aujourd’hui assez répandu dans le secteur. La norme ISO 9001 concerne principalement le volet qualité au travail “en bref, cela consiste à remettre en question la manière dont on reçoit des demandes, dont on les traite et comment on les restitue”. Une remise en question globale de l’organisation au travail.
En 2019, l’étude obtient sa deuxième certification ISO, celle pour la norme ISO 14001. Cette norme traite davantage de l’impact environnemental de l’activité de l’entreprise, “cette norme nous a poussé à réfléchir à l’amélioration de nos processus pour diminuer notre impact environnemental”.
Enfin, c’est en 2021 que l’étude obtient la certification ISO 26000, celle qui concerne le volet RSE.
Une certification pas comme les autres
Contrairement à d’autres certifications, la certification ISO 26000 ne définit pas ligne après ligne des critères précis qu’une entreprise doit remplir pour être certifiée. Elle valorise avant tout l’ensemble des actions mises en place par une organisation.
L’esprit de la RSE consiste à repenser sa stratégie et sa structure en ayant pour objectif de toujours faire mieux, d’aller toujours plus loin. C’est donc dans cette logique que la norme ISO 26000 a été créée.
Il s’agit de la seule norme ISO fonctionnant par palier : bronze, argent, or et platine. De l’aveu d’un auditeur, “le palier platine est très rare aujourd’hui”. Ces niveaux valorisent l’ensemble des actions menées et poussent les entreprises à s’améliorer pour obtenir le palier supérieur.
La grille d’évaluation de cette norme est spécifique à chaque entreprise. Il existe un socle de 7 thèmes communs à toutes les entreprises. Ce socle commun est enrichi de critères plus spécifiques qui définissent les axes d’évaluation, comme par exemple :
- Le secteur d’activité : une usine de pétrochimie n’est pas soumise aux mêmes normes qu’une étude de commissaires de justice
- La taille de l’entreprise : selon le nombre de salariés, chaque structure se doit de respecter différentes règles
En revanche, pour toutes les entreprises, quel que soit le secteur d’activité, toutes les actions mises en place au-delà du simple respect de la loi sont valorisées. Il s’agit par exemple de la mise en place d’une flotte de véhicules électriques, l’utilisation exclusive de papier recyclé ou encore de la création d’un comité de représentation des salariés dans une structure de 20 salariés.
En résumé, la norme ISO 26000 a été créée dans une logique d’amélioration continue et de valorisation des actions menées par les entreprises.
Un sujet pour toutes les tailles d’entreprises
Il n’y a pas que la suite logique des certifications qui l'a poussé à s'orienter vers la certification RSE.
“Depuis quelques années, on voit fleurir de nouveaux labels comme Great place to work, la certification RSE... Ces labels montrent un renouvellement dans la façon de travailler. Souvent, ce sont de grandes entreprises françaises ou internationales qui mettent en avant ces certifications. À l’étude, nous nous sommes dits que rien ne nous interdisait de les obtenir, nous aussi,”.
Même s’il concède le fait que dans des structures de 2 ou 3 personnes, il n’est pas simple de mettre en place des démarches RSE, notre portrait du jour nous prouve que des structures autres que de grands groupes peuvent mener une démarche de certification RSE. Pour lui, la Responsabilité Sociétale des Entreprises permet avant tout de se questionner sur ses actions, sur ce que l’on souhaite défendre. Ce qui est, par conséquent, à la portée de bons nombres de structures.
Au-delà de la certification, la réalité du quotidien
La certification RSE est une preuve d’engagement pour l’étude. Mais au-delà de la certification, ce sont des actions concrètes qui sont mises en place quotidiennement.
Un lieu où il fait bon travailler
Un des sujets traités par la RSE concerne la qualité de vie au travail de l’ensemble des collaborateurs d’une entreprise.
“Dans une démarche RSE, en ce qui concerne le bien-être au travail, on va bien au-delà de ce que définit la loi”. Cela se traduit par exemple dès l’embauche d’un nouveau collaborateur avec un parcours d’intégration cadré qui permet à la nouvelle recrue de se sentir intégrée et à l’étude de transmettre ses valeurs. L’organisation d’évènements formels et plus informels tout au long de l’année peut également être prise en compte. “Bien sûr, on ne dit pas à chaque fois que c’est dans le cadre de la RSE. C’est davantage une façon de voir les choses et de penser son organisation”.
La RSE comprend également l’intégration des collaborateurs dans la définition des objectifs de l’entreprise. Régulièrement, des points sont organisés pour faire le bilan des actions menées, définir ce qui est à améliorer ou à proscrire.
Des partenariats réfléchis avec les clients et les fournisseurs
La RSE nécessite d’intégrer toutes les parties prenantes de l’entreprise dans la mise en place d’actions. Pour les études de commissaires de justice, cela inclut les fournisseurs, les clients professionnels et particuliers, les débiteurs etc…
Concrètement, cela se traduit par une définition claire de méthode de travail avec les valeurs économiques et sociales défendues pour chaque action.
L’étude fait le choix dès que possible de s’approvisionner auprès de fournisseurs locaux et de restreindre des dépenses qui étaient faites jusqu’alors à l’étranger pour favoriser le made in France.
La certification ISO 26000 est également un bon indicateur pour des entreprises à la recherche de partenaires selon lui car “on sait qu’on se trouve dans la même démarche, qu’il y aura des synergies entre nos actions”.
La RSE permet donc de questionner les partenariats en place et d’en créer de nouveaux.
Quelques conseils avant de se lancer dans une certification RSE
La certification ISO 26000 étant un projet long et coûteux, il revient sur les fondamentaux de la Responsabilité Sociétale des Entreprises.
La fameuse question du “Pourquoi ?”
L’obtention du label ISO 26000 était une suite logique pour l’étude qui possédait déjà des bases solides grâce à ses précédentes certifications.
Avant de se lancer dans une certification, chaque organisation peut commencer par mettre en place des automatismes. Pour ce commissaire de justice, la RSE amène à se poser 2 questions principales :
- “Qu’est-ce que je fais déjà aujourd’hui ? Qu’est-ce que j’ai mis en place et que je peux d’ores et déjà valoriser ?
- Qu’est-ce que je peux faire et surtout pourquoi je veux le faire ?”
La question du Pourquoi est centrale puisque l’intérêt de la RSE est de mener intelligemment des actions.
Si l’on s’attarde quelques instants sur le métier de commissaires de justice, cela consiste par exemple à se questionner sur les démarches à mettre en place dans le respect des règles déontologiques qui régissent le métier.
Chaque secteur et chaque métier possède donc un champ d’actions qui lui est propre.
Grâce à l’obtention de la certification ISO 26000, l’étude peut mettre officiellement en avant les actions qu’elle mène au quotidien. “La prochaine étape sera d’obtenir le pallier de certification supérieure”.
Un processus qui s'inscrit dans la durée
Malgré le fait que le label RSE soit plébiscité par de plus en plus d’acteurs, des apporteurs principalement, il nous affirme qu’il ne faut pas s’orienter dans une démarche RSE avec l’objectif de créer un rapide levier de croissance. "La RSE, c'est une façon vertueuse et organisée de concevoir son métier."
C’est d’ailleurs cette approche qui l’a incité à démarrer ce projet “je voyais sur les réseaux sociaux des entreprises qui partageaient leurs actions. Cela montrait une autre vision de l’entreprise, on voit qu’elle fait partie d’un tout et qu’il n’est pas question que d’entrées et sorties d'argent." C’est donc l’envie de se questionner sur tout ce que pouvait apporter son étude au-delà de sa mission première qui l’a incité à se lancer dans ce projet.
Un grand merci au commissaire de justice concerné, pour cet d’échange autour de la Responsabilité Sociétale des Entreprises.